A l’époque gallo-romaine Fontaine était située sur la voie de Mandeure à Corre. A la fin du VIe siècle il est probable que l’endroit est à l'abandon lorsque les moines de Colomban le découvrent, car Jonas de Bobbio (le biographe de Colomban) nous signale simplement que « Colomban recherche un endroit agrémenté par l’abondance des sources, auquel il donne le nom de Fontaines (Fontanas) et y bâtit un nouveau monastère… ». La découverte fortuite de stèle gallo-romaine au XXe siècle pourrait laisser présager la présence d'une population structurée autour d'une petite agglomération qui sera peut être un jour confirmée par des fouilles archéologiques.
Vers la fin du VIe siècle, le monastère colombanien aurait compté déjà 220 moines ceci justifie la recherche de nouvelles terres agricoles. Seulement six kilomètres séparent Luxeuil de Fontaine en direction du nord ouest.
Dès cette époque et jusqu’à la Révolution, la vie du village de Fontaine était liée à celle de son prieuré.
La Roge, rivière qui traverse Fontaine prend sa source sur la commune de Saint Bresson et passe au pied de l’ermitage de Saint Valbert. Il collecte les sources des collines environnantes pour devenir à Fontaine un cours d'eau de plusieurs mètres de large. Autrefois, il délimitait la frontière entre le comté de Bourgogne et les Ducs de Lorraine.
Colomban bâtit, vers 595, un nouveau monastère sur un promontoire assez large entouré d'une boucle de la rivière (actuel emplacement du prieuré).
Dans la forêt dense, une vaste clairière où se situe actuellement le village de Fontaine-lés-Luxeuil, est ouverte par les moines. Il faut encore assécher bien des marécages.
Par le développement de ses cultures, il semble évident que le monastère de Fontaine est le grenier des trois fondations colombaniennes. D’après l’analyse des bénédictins de l’Abbaye de Saint Wandrille de la Vita Columbani, (Ed. Krusch, Monumenta Germaniae Historica, Passiones T.IVp.76), la fondation de Fontaine aurait été, à l’origine, le monastère des pénitents. Ces pénitents ne seraient pas des moines, mais des laïcs de l’aristocratie venus se repentir des fautes passées au sein de l’ascétisme colombanien.
Les cellules édifiées, la chapelle construite, saint Colomban établit un prévôt pour diriger chacune de ses fondations (Annegray, Luxeuil et Fontaine) et reste lui-même à la tête de ces trois monastères en qualité de « Père ».
Cette organisation serait à l'origine des prieurés, établissements relevant d'une abbaye-mère (Luxeuil) et gouvernés par un prieur « premier parmi ses frères » nommé par l‘abbé.
C'est Colomban lui-même qui place le prieuré de Fontaine sous la protection de saint Pancrace, jeune martyr de 14 ans décapité en l'an 304 à Rome.
Peu après la fondation de Fontaine, Colomban écrit sa règle. Les communautés colombaniennes, jusqu'alors, avaient vécu sans règle écrite, simplement d'après la tradition de Bangor, en Irlande, dont Colomban était le seul gardien. L’ouverture successive des monastères de Luxeuil et de Fontaine nécessitait probablement une adaptation de cette ancienne règle.
Jonas de Bobbio, hagiographe de Colomban, nous raconte la vie active et miraculeuse de l’époque de Colomban:
Une année comme la pluie ne cessait de tomber, en pleine période de fenaison, Colomban plaça un religieux aux quatre coins du champ. Aussitôt les prières des moines furent exaucées et une éclaircie permit la moisson. D’autres prodiges merveilleux se sont produits dans la campagne de Fontaine qui ont été à l’origine de légendes et de noms de lieux.
Au IXe siècle, l’abbé Fulbert décida la construction d’oratoires sur la route de luxeuil à Fontaine afin que « les religieux se soutinssent dans l’esprit de piété en visitant les autels consacrés au très Haut, sous l’invocation des S.S. Martyrs, et des autres saints, principalement Marie, Reyne des martyrs et de tous les saints » Dom Guillo
Malheureusement il ne reste rien de ses oratoires.
Souhaitons qu’un jour l’archéologie puisse mieux nous renseigner sur l’implantation du premier monastère. Si depuis 1895 une fonderie a été installée dans l’ancien réfectoire des moines le sous sol du site de l'usine n’a pas été totalement modifié ceci pouvant présager, un jour, des fouilles trés instructives.
Malgré des vicissitudes au cours des siècles (pillages, destructions, épidémies...), cette maison demeure le témoignage permanent du passage de Colomban parmi nous.
L'histoire du prieuré de Fontaine est retracée par le Père Jean-Baptiste NOËL, dans plusieurs ouvrages:
« LA REFORME VANNISTE au Prieuré Saint-Pancrace de Fontaine les Luxeuil », mémoire de maîtrise-1972, consultable à la bibliothèque de la Faculté des Lettres de Nancy.
« FONTAINE-LES-LUXEUIL et son Prieuré», édité en 1980.épuisé.
Cet ouvrage est en cours de réédition.
Si vous êtes intéressé veuillez nous le faire savoir
« FONTAINE-LES-LUXEUIL au fil des temps », édité en 2004, photos du vieux Fontaine, livre disponible en mairie de Fontaine lés Luxeuil.
Tél : 03.84.94.80.90
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