Histoire de Saint Valbert (ou Walbert, Waldebertus) ( ? – vers 670)
Troisième abbé de Luxeuil (vers 629 à vers 670)
Fêté le 2 mai
De tous les hommes qui ont illustré l'abbaye de Luxeuil, saint Valbert est sans doute celui qui connut la plus grande influence et dont le souvenir fut le mieux conservé.
Vers 620, un jeune seigneur à cheval, tout armé, se présenta au monastère devant l’abbé Eustaise. Il voulait fuir le monde et consacrer entièrement sa vie au service de Dieu : il avait pour nom Valbert ou Waldebert (dans le langage populaire Vaubert ou Gaubert). Nous en connaissons bien la vie racontée au Xème Siècle par le moine luxovien Adson.
Né en Brie vers 595 dans la terre de «Nant» (vraisemblablement Nanteuil-le-Haudouin, dans les environs de Meaux), il était fils d'un seigneur franc de la race des Sicambres, comte de Ponthieu (Basse-Picardie) et vicomte de Meaux. De ce fait, il possédait de vastes et riches domaines dans ces régions. Il avait reçu l'éducation guerrière des jeunes nobles de son époque et fréquenté la cour mérovingienne. Il y avait peut-être connu Eustaise qui, avant de se retirer à l'abbaye de Luxeuil, avait suivi la même voie.
Valbert se dépouilla de tout. Aussi bien de sa splendide armure que l'on conserva longtemps comme ex-voto dans l'église abbatiale, que d'une magnifique coupe faite d'une seule topaze sertie de lames d'or. Il s'ouvrit à Eustaise de son désir de vivre dans la solitude la plus totale et fut autorisé à mener la vie d'ermite, à quelque distance au nord de l'abbaye, au milieu de la forêt, dans une grotte creusée dans un banc de grès, près d'une source : c'est l'humble cellule que nous voyons encore aujourd'hui.
Il lui fallut, cependant s'arracher à son cher «désert» quelques années plus tard pour accompagner Cagnoald à Evoriac et aider Fare, fille spirituelle de saint Colomban, à établir le monastère de Faremoutiers (vers 625), près de Meaux. Il revint aussitôt après dans sa forêt sauvage. Mais, quatre ans plus tard, saint Gall ayant décliné le choix des moines de Luxeuil, pour succèder à Saint Eustaise, en raison de son âge avancé, c'est là qu'on vint le chercher pour succéder à saint Eustaise.
A la tête du monastère, il poursuivit l'œuvre entreprise par saint Colomban ; il lui donna même un élan nouveau en introduisant la règle de saint Benoît, mieux adaptée à la vie monacale dans nos régions. La communauté put se développer davantage encore et s'épanouir : plus de trente fondations naquirent à son initiative, dont Corbie en Picardie, Hautvillers (où fut inventé le vin de champagne), Montier-la-Celle, Moutier-Grandval en Suisse et lorsqu'il rendit le dernier soupir, le 2 mai 670, l'abbaye de Luxeuil, était une véritable métropole monastique de réputation européenne.
Le tombeau de saint Valbert devint bientôt l'objet d'une très grande vénération, non seulement de la part des moines, mais aussi des foules nombreuses qui venaient implorer sa protection ou son intercession. On lui attribuait la préservation de l'église Saint-Martin lors de la destruction de l'abbaye en 731 et, par voie de conséquence, du fameux Lectionnaire de Luxeuil, conservé à la Bibliothèque Nationale, qui porte, en souvenir, deux vers écrits au Xème ou Xlème Siècle en l'honneur du saint protecteur. Le culte des reliques, si vif au Moyen-Âge, lui valut de supplanter dans la mémoire populaire saint Colomban qui n'était pas mort à Luxeuil.
L'ermitage devint aussi un lieu de pèlerinage où, selon le témoignage d'Adson, au Xème Siècle, on se rendait par milliers, il est toujours visité aujourd’hui par les pèlerins.
2008 : découverte de la crypte où le corps de saint Valbert a été déposé après sa mort.
Voir page archéologie sur le site.
Extrait de« Histoire du monastère de Luxeuil à travers ses abbés » ; Gilles Cugnier, 2004-2006, tome 1 - Edition Guéniot, Langres, en vente auprès de notre association page publications
La découverte de la carrière de sarcophages sur le site de l’ermitage de Saint Valbert, en 2009, pourrait nous apporter de nouveaux témoignages archéologiques sur l’histoire de ce site où la légende, la tradition et l’histoire se croisent.
Notes préliminaires sur la découverte d’une carrière de sarcophages sur le site de l’ermitage Saint-Valbert (Geneviève Gascuel avec la collaboration de Fabrice Henrion et Stéphane Büttner) site internet du Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, septembre 2009
Brève histoire de l’ermitage de saint Valbert
L’origine du site avant l’arrivée du moine Valbert est inconnue. Si une importante masse de rochers de grés blanc et rouge laisse supposer la présence d’une carrière. Les historiens datent l’origine de la carrière à l’époque du moyen âge.
Au VIIe siècle l’ermitage se composait de la grotte proprement dite, vaste excavation sous un énorme bloc de rocher, dont l’ouverture donnant vers la vallée, fut peut-être murée partiellement pour se protéger des intempéries.
La grotte où le saint anachorète avait passé tant d’années de sacrifices fut, elle aussi, l’objet de soins attentifs de la part des moines et devint un but de pèlerinage pour les foules qui, au témoignage d’Adson (Xe siècle), y venaient par milliers, boire l’eau de la source. Nous n'avons aucun plan où dessin de cette époque.
Au XVIIIe siècle, la Congrégation de Saint-Vanne réforma les abbayes bénédictines, afin de ramener les moines à l’observance stricte de la règle. Le culte envers les saints de l’Abbaye, en particulier envers saint Valbert se développa et d’importantes transformations furent réalisées. Entre 1757 et 1760, un nouveau plan fut établi avec un bâtiment central (aujourd’hui disparu) la chapelle actuelle avec son autel d’origine et les jardins soutenus par de grands murs, le tout clôturé.
Les bâtiments étaient conservés et entretenus jusqu’à la Révolution par les moines de Luxeuil.
Après la Révolution l’ermitage fut vendu comme bien national et acheté par des industriels surtout intéressés par les forêts environnantes. En 1843 l’archevêque de Besançon, Cardinal Mathieu, racheta l’ensemble de la propriété qui fut rétrocédé à l’école secondaire ecclésiastique de Luxeuil en 1863. A partir de cette date les séminaristes ont aménagé le site afin d'en faire un lieu de prières et de méditation.
La loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat, marqua le début de la dégradation et du pillage des bâtiments mis sous séquestre, malgré un classement parmi les Monuments Historiques en 1914 des bâtiments.
Extrait d'un article de L. Barbedette dans Les Petites Affiches (arrondissement de Lure) le 10 mars 1928:
" Actuellement c'est l'abandon total. Le toit s'effrondre, les murs s'écroulent, portes et fenêtres ont disparu; quelques années encore et il ne restera qu'un amas de pierres envahi par les ronces. La grotte est en meilleur état...."
En 1942, le domaine en ruines a été restitué à l’Association diocésaine grâce à Mgr. Dubourg, Archevêque de Besançon. L’ensemble du site fut classé à l’inventaire des Monuments Historiques en 1943.
Le renouveau de l’ermitage a commencé en 1960 grâce à l’association Les Amis de Saint Colomban présidée par le Dr. Gilles Cugnier. Elle engage un vaste chantier de remise en valeur du site, avec le concours de jeunes lyonnais et irlandais pendant plusieurs années, pour en faire un lieu de prières et de pèlerinage pour les croyants. Il demeure, pour tous les visiteurs, l’un des rares témoins du VIIe siècle, qui soit conservé dans l’est de la France. Il suffit de passer quelques instants pour découvrir un site paisible, favorable à la méditation où l’architecture s’intègre harmonieusement à la nature.
Peut-être que certains se reconnaitront sur les photos, leurs témoignages seront les bienvenus.
Les habitués du site reconnaîtront la Maison du pèlerin avec un premier étage, à l'extrème gauche sur la photo ci dessous. Lorsque le site fut rétrocédé au diocèse, Monseigneur Roy, supérieur du séminaire de Luxeuil trouva un homme qui voulu bien habiter à l’ermitage. En échange il devait sécuriser le site contre les pillages et les dégradations. Cet ermite entreprit de construire un étage sur le bâtiment le mieux conservé, c'est-à-dire la Maison du pèlerin aujourd’hui, en utilisant les pierres des autres maisons en ruines.
Sous cette maison avait été édifié un oratoire dédié à Saint Etienne. Il existe toujours mais il n'est pas accessible.
Quelques photos du site en 2009
La Source: entrée monumentale de la grotte de la source, aux armes de l’abbaye de Luxeuil (clef de saint Pierre et épée de saint Paul), destinée à soutenir le rocher. (1758)
Jardins à la française et son bassin. La chapelle construite reconstruite en 1963
L’entrée de la grotte de saint Valbert : pavillon d’entrée de la grotte de Saint Valbert, construit par Dom Guillaume De Queuve en 1563.
La grotte de Saint Valbert subit des aménagements au cours des siècles. La tradition raconte que le saint célébrait la messe sur l'autel à gauche et mangeait sur la tablette de droite. La banquette au centre lui servait de lit. La colombe au plafond, sur rocher, a été taillée au XIXe siècle.
Le bassin inférieur sa restauration est prévue dans les années à venir La carrière
Vue aérienne du site de l'ermitage de Saint Valbert
L'auberge de l'ermitage
A la belle saison l'auberge est ouverte.
Les repas ne sont possibles que sur réservations
Téléphone: 03 84 49 59 41 ou 03 84 40 59 15 aprés 21h
Les Amis de Saint Colomban participent chaque année à l’embellissement du site en collaboration avec le Lions Club de Lure-Luxeuil au cours d’une journée de travail planifié.
2005
Plaquette ermitage Saint Valbert : ce bref récit est extrait d’une brochure de 15 pages, rééditée en 2004 par l’association « des Amis de Saint-Colomban » retraçant la vie de l’Ermitage de Saint-Valbert. Le fascicule est en vente à l’accueil de l’Abbaye ou par correspondance page publications
Nettoyage et peinture du mobilier extérieur et pose du carrelage dans les toilettes.
2006
Nous étions 40 volontaires le 8 mai 2006 à 8 heures du matin pour l’opération annuelle de mise en valeur du site.
Le décapage avec un appareil haute pression étant déconseillé sur une pierre aussi tendre, il resta « l’huile de coude » avec des grattoirs et un produit fongicide-lichenicide adapté. Epandage de 5 m3 de gravier dans les allées du jardin.
2007
Après avoir fait couper les imposants hêtres qui poussent au dessus des jardins, car leurs racines détériorent le mur de soutènement, le chantier consiste à débiter et brûler les branches. Une autre équipe posait une haie d'hortensias au fond des jardins. Le tout sous la pluie.
2009
Les Amis de Saint Colomban ont financé et posé un panneau d'informations à l'entrée du site. Il est rédigé en 4 langues, anglais, allemand, italien, français. Merci aux Amis traducteurs, M. Claude Zoppis (anglais), M. Rudolphe Muller (allemand), M. Luigi Bellagamba (italien).
Une superbe aquarelle réalisée par M. Bernard Simon a permis donner une perspective du site
Comme vous le constatez, ces travaux d’entretien et d’embellissement ne peuvent être réalisés que grâce à notre association et à ses bénévoles. Alors, n’hésitez pas à nous rejoindre en adhérant aux « Amis de St-Colomban ».
Texte Philippe Kahn, historien, vice-président des Amis de Saint Colomban
Merci pour les photos aux Amis de Saint Colomban
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